Cotisations de retraite pour les auto-entrepreneurs : ce qu’il faut savoir

6 924 euros. Ce chiffre ne sort pas d’un guide obscur ni d’un formulaire perdu dans les méandres administratifs. C’est le montant minimal à déclarer en 2024 pour voir ses quatre trimestres validés au régime général. Loin des discours rassurants sur la simplicité du statut, le calcul de la retraite des auto-entrepreneurs impose sa propre logique, parfois implacable.

Depuis janvier 2024, la refonte du régime social simplifié a redessiné les règles du jeu. Les paliers pour valider ses trimestres évoluent, le mode de calcul s’ajuste, entraînant avec lui le futur niveau de pension. Les auto-entrepreneurs n’ont pas tous le même parcours : selon la nature de l’activité exercée, les taux appliqués et les plafonds à surveiller diffèrent sensiblement. Une vigilance de chaque instant s’impose.

Le système de cotisation retraite des auto-entrepreneurs : comment ça marche vraiment ?

Prenons le cas d’un auto-entrepreneur : tout commence et tout finit avec le chiffre d’affaires déclaré. Ici, pas de bulletin de salaire détaillé. Le montant annoncé chaque mois ou chaque trimestre sert d’unique socle pour le calcul des cotisations sociales, dont la part dédiée à la retraite.

Selon que l’activité relève de la vente, du service ou d’une profession libérale, les taux de cotisation varient sensiblement. Voici un aperçu des taux pratiqués en 2024 :

  • Pour les activités de vente (BIC) : 12,3 % du chiffre d’affaires.
  • Pour les prestations de services commerciales ou artisanales : 21,2 %.
  • Pour les bénéfices non commerciaux : 21,1 %.

Ces pourcentages couvrent la retraite de base, la complémentaire, et les autres contributions sociales. Un chiffre d’affaires faible ? Les cotisations suivent la même pente. Mais attention, ce système a une contrepartie immédiate : valider des trimestres n’est pas automatique, il faut atteindre un certain niveau de revenu. En 2024, le seuil pour obtenir quatre trimestres se fixe à 6 924 euros déclarés. Beaucoup de nouveaux venus, ou ceux dont l’activité patine, se retrouvent vite en-dessous.

Le cas des professions libérales réglementées complexifie encore l’équation. Certaines dépendent toujours de la Cipav, d’autres sont rattachées d’office au régime général. Les règles changent, les taux aussi. Si l’on ne surveille pas précisément son chiffre d’affaires, on peut cotiser sans ouvrir de droits. Ce piège guette tous ceux qui évoluent ou multiplient les statuts. Mieux vaut s’y arrêter avant de voir ses efforts réduits à néant.

Retraite de base, complémentaire, droits acquis : ce que vos revenus changent concrètement

Le revenu déclaré est le juge de paix : il détermine exactement le nombre de trimestres retraite validés. Pas d’approximation possible. Pour 2024, chaque trimestre nécessite un revenu annuel d’au moins 1 731 euros. Pour toucher le maximum, quatre trimestres, il faut afficher 6 924 euros sur l’année. Sinon, certains mois passent tout simplement à la trappe.

La retraite de base suit la logique du régime général. Mais ce n’est qu’une partie du tableau. Les micro-entrepreneurs cotisent aussi à une retraite complémentaire : la RCI pour les commerçants et artisans, la Cipav pour certaines professions libérales. Là encore, tout dépend du chiffre d’affaires : plus il est conséquent, plus les droits progressent. En-dessous des seuils, la pension finale peut s’avérer très faible, voire symbolique.

Chiffres clés pour comprendre l’impact des revenus

Quelques repères pour mesurer l’effet concret du chiffre d’affaires sur les droits à la retraite :

  • Valider un trimestre : 1 731 € de revenu annuel.
  • Obtenir quatre trimestres : 6 924 €.
  • Pas de chiffre d’affaires déclaré, pas de droits à la retraite.

La pension de retraite finale regroupe l’ensemble des droits engrangés au fil de la carrière, tous statuts confondus. Ceux qui passent d’un régime à l’autre voient leurs trimestres additionnés. Mais le montant perçu reste directement lié aux cotisations réellement versées. Aucun effet d’optique ni de rattrapage magique à attendre. C’est la réalité du modèle.

Ce qui évolue bientôt pour la retraite des auto-entrepreneurs : les grandes lignes à retenir

2025 s’annonce comme une étape charnière pour la retraite auto-entrepreneur. La réforme attendue vise à harmoniser les règles, avec un objectif clair : offrir une trajectoire plus lisible à la micro-entreprise. Les seuils pour valider un trimestre resteront calqués sur ceux du régime général, mais de nouveaux ajustements pourraient intervenir sur la prise en compte du chiffre d’affaires, notamment via des contrôles plus stricts sur les déclarations. Il sera donc crucial de rester attentif à la déclaration du chiffre d’affaires pour conserver l’intégralité de ses droits.

Le gouvernement prépare aussi une révision du mode de calcul de la pension de retraite pour les auto-entrepreneurs, dans le but de réduire l’écart avec les salariés classiques. La question de la pluridactivité, fréquente dans ce secteur, fera l’objet d’une clarification. Pour ceux qui jonglent entre plusieurs statuts, la coordination entre régimes sera simplifiée.

Voici les grandes évolutions sur la table :

  • Départ à la retraite potentiellement facilité pour les carrières longues, sous réserve de durée d’assurance suffisante.
  • Progression de la liquidation unique des régimes, ce qui allègera la gestion administrative pour ceux ayant cotisé dans différents systèmes.
  • Discussions en cours sur la possibilité d’épargner davantage en vue de la retraite, via des dispositifs adaptés aux micro-entrepreneurs.

Le système français affine ainsi sa mécanique pour que la retraite des micro-entrepreneurs ne soit plus une part d’ombre. D’ici quelques mois, les textes d’application viendront fixer les nouveaux repères. Reste à voir comment chaque auto-entrepreneur s’appropriera ces règles, pour que la retraite ne soit plus un point d’interrogation, mais un véritable projet de long terme.

Les plus lus